La mutuelle Prévifrance, basée à Toulouse, a dévoilé ses résultats 2022 et ses objectifs 2023 ainsi que ses projets de développement. Le point avec Henry Mathon, son directeur général.
Henry Mathon, directeur général de la mutuelle toulousaine Prévifrance (à gauche), a annoncé un chiffre d'affaires de 232 millions d'euros en 2022. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Traditionnellement, Toulouse a toujours joué un rôle éminent dans le secteur des mutuelles avec des acteurs historiques comme Rempart Mutuelle (nouveau nom de la Mutuelle du Rempart, créée en 1932) ou Prévifrance et ses 75 ans d'expérience.
232 millions d'euros de CA
Cette dernière, présidée par Henry Mathon, présentait son bilan 2022 et ses perspectives, mardi 30 mai 2023. La première mutuelle indépendante (40 agences de proximité dont la majorité dans le Grand Sud-Ouest, 450 salariés), dans un secteur qui connaît une forte concentration et des croissances organiques assez faibles, a dégagé un chiffre d'affaires de 232 millions d'euros en 2022 et atteint la barre des 390 000 personnes protégées (Prévifrance assure notamment 35% des pompiers professionnels en France). Et avec 250 millions d'euros de fonds propres, "nous sommes peu nombreux à arriver à un tel résultat en Occitanie", relève le dirigeant de la Ville rose.
"Le collectif porte la croissance"
Une croissance indéniable puisque la mutuelle basée près de la gare Matabiau assurait un peu plus de 349 000 personnes en 2020, année Covid. "Des Départements nous rejoignent via des appels d'offres. C'est le collectif qui porte la croissance", précise Henry Mathon. 37% des adhérents de la mutuelle toulousaine sont implantés en Occitanie, contre 33% en Nouvelle-Aquitaine et 10% en Bourgogne/Franche-Comté. "Nous avons également en charge les personnels des musées et de la Ville de Paris", se félicite-t-il.
Chez Prévifrance, 45% des remboursements de soins aux assurés concernent les dépenses dites "de ville", soit les consultations chez les médecins généralistes, les spécialistes et dans les pharmacies.
Derrière, les soins dentaires représentent 22% des remboursements, contre 20% pour l'optique et 13% pour les hospitalisations.
Sur 100 euros de cotisations, Prévifrance fait un résultat de 3,2 euros. (1,5 euro de résultat financier net). Le reste ? 79,7 euros sont dédiés aux prestations, 18,8 euros pour les frais de gestion.
Dans le détail, sur la partie prévoyance, la hausse est encore plus spectaculaire. Prévifrance est, en effet passé, de 40 828 personnes assurées en 2019 à 72 576 en 2023.
Pour l'année 2023, l'objectif sera d'atteindre les 250 millions d'euros de CA mais le groupe n'est pas dans la logique de créer de nouvelles agences. "Nous sommes dans une logique de croissance externe mais le marché est saturé, et on retrouve la difficulté du temps long sur un secteur concurrentiel. Nous sommes en conquête importante, pas agressive", explique Henry Mathon. Dès la rentrée de septembre 2023, Prévifrance prévoit de sortir des produits de prévoyance à destination des travailleurs indépendants.
Sa stratégie sur le funéraire
La diversification des activités, elle, est bien en marche. Il en est une que Prévifrance a particulièrement ciblé : le funéraire. "Cela a un sens comme activité pour une mutuelle", estime Henry Mathon. La crémation représente une croissance d'environ 1% par an. "Il existe 200 crématoriums en France, alors qu'il en faudrait 300 en tout. Il y a des besoins, nous voulons nous positionner là-dessus. Nous pouvons amener des projets clé en main", poursuit-il.
Depuis juillet 2021, 25 salariés travaillent au sein de la société Pompes Funèbres ACF (Assistance conseil funéraire) - contrôlée par Prévifrance - qui possède son siège social à Montauban (Tarn-et-Garonne) et huit implantations en Occitanie, notamment en Ariège, Tarn-et-Garonne, Lot et Haute-Garonne. Avec ACF (3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022), Prévifrance construit un funérarium à Saint-Orens (Haute-Garonne), à l'est de Toulouse, à côté du crématorium. La société intervient sur l'inhumation, la crémation, la marbrerie et son organisme de formation est certifié Qualiopi.
Et la mutuelle communale ?
En revanche, il est un terrain sur lequel Prévifrance n'a pas l'intention d'aller : celui de la mutuelle communale. En Haute-Garonne, Toulouse (avec sa mutuelle communale pour les seniors), Colomiers et Muret, entre autres, ont franchi le pas sur le sujet. "J'alerte sur les effets des produits d'appels. Dans la durée, on observe des contrats déséquilibrés avec des redressements de tarifs sévères. Il y a des retours de flamme dans certains territoires : attention à la gueule de bois...", pointe Henry Mathon.
Dans le domaine de la santé, le premier quinquennat d'Emmanuel Macron a été marqué par la réforme du 100% santé, dans l'optique, l'audiologie et le dentaire. Quel est le premier bilan pour les mutuelles ? Prévifrance est évidemment en première ligne... "Cette réforme, qui vise à lutter contre le reste à charge, a plutôt bien fonctionné en termes de santé publique. La part de la Sécurité sociale est restée inchangée et cela a entraîné beaucoup de changements sur l'audioprothèse", précise Henry Mathon. Le directeur général poursuit : "Cette réforme a coûté cher, et pourrait entraîner une hausse des cotisations".