Expropriée en 2021 dans le cadre du chantier de la 3e ligne de métro, La Maison de la Peinture a connu des moments difficiles avant de rebondir. Témoignage de Sonia Paulhe, la gérante.
Sonia Paulhe, la gérante de la Maison de la Peinture, est passée par des moments très difficiles après l'expropriation de son magasin. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
On croit toujours que ça n'arrive qu'aux autres et pourtant... La ligne C du métro est vécue comme le chantier du siècle à Toulouse avec ses 21 stations et ses plus de 200 000 voyageurs attendus. Mais derrière le côté titanesque, se cachent des histoires de vies impactées par le tracé. C'est le cas boulevard de Suisse, entre Barrière de Paris et Ponts-Jumeaux. Sonia Paulhe est la directrice de la Maison de la Peinture, aux côtés de son cousin Cédric Denjean. Au printemps 2017, elle apprend dans les médias que la future station du quartier va être construite... sur l'emplacement de son bâtiment ! "La nouvelle avait été brutale car nous n'avions pas eu de courrier officiel avant. C'est une chape de plomb qui vous tombe dessus, on ne devient qu'un numéro", se souvient-elle.
La troisième génération aux manettes
Présente dans le quartier depuis les années 1980, La Maison de la Peinture, qui fait travailler plus d'une quarantaine de salariés (11 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023), est une institution dans la région avec trois antennes à Toulouse et la présence de magasins à Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Albi et Castres (Tarn), Montauban (Tarn-et-Garonne), Rodez et Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
Sonia Paulhe symbolise la troisième génération de cette entreprise familiale. Une famille d'entrepreneurs avec un caractère en acier trempé. L'épisode de l'expropriation les fait alors basculer dans une période très dure physiquement et psychologiquement. "J'ai fait un burn-out suite à ça. Cela a été une course de fond, comme un marathon, mais nous avons été aidés par nos salariés de bout en bout", explique la gérante. L'équipe est restée soudée car de nombreuses crises sont venues s'immiscer après les annonces de Tisséo : le Covid et les répercussions liées à la guerre en Ukraine. "Nous nous sommes clairement posés la question de savoir s'il l'on devait continuer ou arrêter", précise Sonia Paulhe.
"On se relève à peine de cet épisode"
Entre retards à l'allumage et discussions avec de nombreux interlocuteurs, qui ne sont pas souvent les bons, La Maison de la Peinture déménage finalement début 2022 au 3, rue Ferdinand Lassalle, à quelques centaines de mètres de leur ancien emplacement avec la même surface de 5000 m2. Dans le même quartier mais pas en bordure du boulevard et de l'exposition inhérente, mais dans une rue adjacente... "Sans budgétiser la crise, nous avons alors perdu 20% de notre clientèle", dit-elle, consciente d'avoir "perdu certaines choses" avec le déménagement dans les nouveaux locaux.
Deux ans après, la quasi totalité des salariés est encore bien présente pour faire tourner la boutique Maison de la Peinture. Mais Sonia Paulhe ne le cache pas :
"Nous sommes loin d'avoir rattrapé ce que nous avons perdu. On se relève à peine de cet épisode".
La force du collectif, une histoire familiale de 50 ans et une volonté de fer ont permis à l'entreprise de continuer ses activités et de rester dans la course dans un secteur très concurrentiel. Leur positionnement n'a pas varié : "Nous sommes une entreprise locale indépendante et de proximité. Notre force réside dans le conseil et le rapport qualité-prix. Nous avons notre épingle du jeu à tirer", argumente Sonia Paulhe.
Diversification de l'activité
Tout en regardant les "opportunités" qui peuvent se présenter à elle, La Maison de la Peinture, qui se revendique "structure familiale à l'ancienne", veut poursuivre son redressement dans l'innovation et la diversification. "Notre marque parle de la peinture, bien sûr, mais nous faisons également un gros chiffre d'affaires sur le PVC, les tissus, les placards, la moquette, les papiers peints...", explique Sonia Paulhe. Dans les épreuves, cette dernière n'a jamais perdu son fil d'Ariane : perpétuer coûte que coûte l'oeuvre familiale montée par ses aînés "à la sueur de leur front".